Par delà le buisson épineux
L’œil qui m’observe est vitreux
Ecarquillé et un poil haineux
Escorté d’un grognement grincheux
J’ai mis le pied sur un grelot perdu
En aurai-je de l’or une fois rendu ?
Point ne faudrait y compter
Jamais généreux à l’avidité
Si j’avais le grand tort d’insister
Le Korrigan au sabot fendillé
Aurait tôt fait de se venger
Avec plus d’un tour à me jouer
Par mégarde sans doute, j’ai dû
Faire tomber son chapeau cornu
Le faire apparaître en notre monde
Que son invisible don s’effondre
Sous les tertres de pierres dressées
Descendent les infinis escaliers
Dans les ténèbres du monde inférieur
Dont je tairai le nom de malheur
N’aiment jamais trop que l’on parle souvent d’eux
Des secrets ils marchandent en échange de précieux
Cadeaux et présents bien souvent éphémères
Qui, à peine rapportés, tombent en poussière
Aucun mot ni de chantage
Il ne faut pas écouter
Quand de la brume son apanage
Il vaut mieux vite décamper
De ses promesses il nous soulage
Mais il ne faut que s’en méfier
Par delà le bois de ronces
Je n’irai point m’aventurer
D’aucune folie je n’ai l’once
Pour au Korrigan aller me frotter ©
Si par mégarde ou encore d’aventure
Votre dévolu tombe sur cette créature
Sachez que lutiner une Sorcière
N’a jamais été une mince affaire
On aimerait qu’elle se laisse faire
On préférerai qu’elle sache se taire
Seulement voilà elle gesticule
Elle parle, crie et vous émascule
Tout d’abord il vous faut l’attraper
Tendre embuscade ou traquenard
Pour s’en saisir et la ligoter
Meilleure stratégie n’étant pas le noir
Il se peut qu’elle ne se débatte
Dans ce cas quelques inquiétudes
Elle griffe et mord comme une chatte
Des remèdes incertains sont à l’étude
Une autre méthode moins dangereuse
Consisterait à tenter de la séduire
Ce pourrait être une expérience périlleuse
Qui, sachez le, a peu de chance d’aboutir
Si vous ne pouvez vous en saisir
Prenez un chaudron pour l’attirer
Tenez le couvercle point pour l’occire
Mais simplement pour l’assommer
Vous pourrez ainsi la rétrécir
Pour dans votre poche la glisser
Ou bien la laisser nue s’alanguir
Pour votre intérieur décorer
C’est le pays des revenants
Où le plaisir est effrayant
Où les chats noirs sont les moins doux
Où les vampires sont les plus fous
Quand hurle la citrouille
Chacun est mort de trouille
Où est donc l’épouvantail
Qui, pour lui, sera de taille ?
Si nous pouvions braver la nuit
Lugubre et peuplée de cris
Comme les fantômes des enfers
Et les balais sous leurs sorcières
Une toile s’accroche à nos visages
Aucun esprit ne trouve sa cage
Le loup-garou est terrifiant
Et tous les monstres sont gluants !
Dans ce monde sans aucun âge
J’ai retrouvé les breuvages
Potions d’un grimoire oublié
Dans le couloir d’un château hanté
Si au détour de la forêt
Le vent vient vous glacer le sang
Faites nous peur s’il vous plaît
S’il vous en reste encore le temps ! ©
Saperlipopette! Viens donc à moi que je t’espanouille
Affublements de citrouille et braies de quenouilles
Te présenter devant la Sorcière en pareil instant
Et dans un si piètre accoutrement!…
Tu n’es point seigneur ni damelot
Rien que frêle et chétif jouvenceau
Bien imprudent tu es d’aller seul à la brune
Sans talisman aux lueurs de la Lune
Mauvaise rencontre ferait ton infortune
Ton trépas est écrit dans les runes
Ce ne sont ni balivernes ou boniments
Dès l’aurore tu succombe à l’enchantement
Mes sorts et mes potions je peux t’apprendre
La mort et ses incantations ne peuvent attendre
Et si tu m’échappe en emportant mes fioles
Je demanderai au Diable qu’il te patafiole! ©
La Poussière… la poussière est une Sorcière!
La Poussière, elle nous mène une vie d’enfer
La Poussière, on la chasse le matin…
La Poussière, elle reviendra dès demain.
C.G.