Petit requin s’ennuie…
Petit requin n’a pas d’amis
Dès qu’il sourit
Tout le monde s’enfuit
Ses rangées d’incisives pointues
Ne font pas de lui le bienvenu
Dès qu’il approche d’un endroit
Chacun se cache avec effroi
Petit requin se retrouve seul
Sans comprendre vraiment
Ce qu’on reproche à sa gueule
Toute remplie de dents
Certes il est né squale
Et même sans vouloir de mal
Il sème la panique totale
Et, sur son passage, on détale
La terreur des mers
Le troubleur de lagune
Le triangle sanguinaire
La dernière infortune
Voilà tout ce qu’il est
En un seul poisson
Alors que d’autres sont laids
Ou ne sentent pas bon
Petit requin voudrait jouer
Sans qu’on se méfie de lui
Mais on est trop terrorisé
Par son terrible appétit
Il ondule doucement près du lagon
Où il aime aller traîner son aileron
Il goûte au vertige du grand large
Jamais loin mais toujours en marge
Petit requin se force à la solitude
Se demandant pourquoi les requins sont gris
Quand soudain plein de sollicitude
Un petit poisson vient se coller à lui.
Dans un ballet de frétillements et de chatouilles
Il nettoie le ventre du requin surpris
Redoublant de frôlements et de papouilles
Il vient se cacher dans ses ouïes
Puis il ressort et reprend son manège
Allant sans hésiter dans la mâchoire
Il récure les belles quenottes en cortège
Petit requin n’en croit pas ses nageoires
Celui-là à coup sûr
Arrive de très loin
Et ne prend pas la mesure
Du risque d’un tel soin
Petit requin ose à peine se réjouir
En voici un que ses dents ne font pas fuir
Et qui pour les rendre nettes
Ne craint pas de finir en arrête
Son ménage finit
Le petit poisson dit :
Je suis bon pilote et peut prendre soin de toi
Si tu me protèges bien et ne me mange pas
Petit requin répond
Au petit poisson :
Pourquoi te manger j’ai trop besoin de toi
Et ne plus être seul me remplit de joie
Si tu m’accompagnes, je promets d’être sage
Tu seras mon camarade de voyage
Et en échange de ton petit appétit
Je te défendrai au péril de ma vie
Le petit poisson vient se coller sur son flanc
Ensemble ils partent alors vers le grand océan
Ils sont tous les deux enchantés
D’avoir conclu ce pacte d’amitié
Petit requin est bien heureux
D’avoir un compagnon de jeu
Le seul a ne pas avoir peur
Devant l’ombre du prédateur. ©
Ce petit cagot,
Est tout rigolo
Il s’appelle Bavouille
Et part en vadrouille
Dans le potager du vieux curé
Il se régale chaque matinée
A l’heure où la rosée est encore fraîche
Avant qu’arrivent le râteau et la bêche
Il va de carottes en choux verts
Et de laitue en scarole
Et partout où il opère,
C’est le désastre agricole !
Il gribouille des dessins
En traçant son chemin
Sa coquille est sa maison
C’est un gentil colimaçon.
Il paraît qu’on en mange des comme lui ?
Avec de l’ail et du persil !
Et qu’il n’en reste que la coquille
Alors qu’ils flattent les papilles
Il ne fait pas bon
Etre bon à manger
Evitons le marmiton
Et rampons dans le verger.
Les herbes y sont hautes
On ne pourra pas le trouver
Et il se ferra l’hôte
D’un arbre fruitier.
Il sait qu’il en existe de dangereux potagers
Où sans s’en rendre compte on meurt empoisonné.
Mais dans celui-ci qu’il aime tant fréquenter
Pas de bonbons roses qui vous font trépasser
Juste quelques coquilles pour passer son chemin
Et pour vous signifier d’aller chercher plus loin
Le jardinier est assez généreux
Il sait qu’il y en a bien assez pour deux
Chacun se sert, tout le monde est heureux
Bavouille sait qu’il ne trouvera pas mieux. ©