(Inspiré par « La Valse des Ondines » musique de Cécile Corbel)
Longue épée plantée en terre
Face au pommeau une prière
Chevalier errant
Sur la courbe du vent
Tu inclines l’échine
Face au lac de l’Ondine
Des éclats de tempêtes
Agrippées à ton pourpoint
La pluie quitte ta tête
Sur ce nouveau matin
Egaré aux abords d’une eau
Calme et piquetée de roseaux
Penche une main vers la clarté du miroir
Ton visage n’est pas celui que tu crois voir
Les yeux de l’Ondine sur toi se sont posés
En l’instant, à jamais devient ta destinée
Point de lumière ni de palais
Dans l’abîme où elle attendait
Innocente extase
Du regard sépulcral
Curieusement embrase
Ton être sans mal
Des diamants éphémères
Glissent de ses doigts
De ses eaux la sorcière
Viens te tendre les bras
Pénètre l’onde glacée
Ignorant sa morsure
Tout ton corps prisonnier
Du chant qu’elle susurre
Cheveux d’algues brunes
Et buste opalescent
S’offrent aux caresses
A tes lèvres de soupirant
Ton cœur t’abandonne
Avant que tu ne la prennes
Mais déjà tu pardonnes
Pour qu’il lui appartienne
Sur la rive, près de l’épée d’argent
L’ondine alanguie pleure son amant
Gardienne de son sommeil éternellement
Peigne sa chevelure jusqu’au prochain printemps
©
Les sourires se perdent aux confins des regards
Il ne reste plus que le tendre hasard
Où tu venais tranquille te réfugier aux pieds
Des statues de farines que tu as érigées.
Les ongles de cristal de la sorcière du lac
Ont fendu les opales cachées dans ton vieux sac.
L’onde velouté de l’eau à sa surface
S’est enveloppée plus haut pour dérober ta trace. ©
Fille de l’eau
Ondine a mes heures de larmes
Nymphe de mes propres peines
Je noie mon chagrin dans le marais calme
Je tue le martyre qui envahit mes veines
Fille du feu
J’ai joué avec tes flammes
Devenue esclave sans brûlure
Privée de ta lumière, je clame
Salamandre de souffre et de bure
Fille de la terre
Poussière entre mes doigts
S’échappe sans pourquoi
Gnome gardien de joyaux
Lutin faiseur de beau
Fille de l’air
J’ai tenu le ciel dans mes bras
Le vent s’est lové contre mon cœur
J’ai oublié l’elfe qui n’est plus là
Et les fées vivent leurs dernières heures ©
(« Cercle de Fées » ou « Rond de Sorcière »!)
J’ai suivi le crépuscule de l’onde
J’ai suivi le sentier jusqu’à la clairière vide
J’ai suivi les Fées jusque dans leur ronde
J’ai suivi les Nymphes aux bas de robes humides
J’ai suivi les glissements d’étoffes et les rires
J’ai suivi les bras tendus qui m’attirent
J’ai poussé jusqu’au fond des bois
Dans un sillon de feuilles qui effacent mes pas
J’ai avancé sans penser fatigue ou peur
J’ai fui jour, famille et labeur
J’ai suivi beauté et enchantements soumis
J’ai suivi yeux mutins et gestes alanguis
J’ai suivi capes et voiles transparents
J’ai suivi la complainte du vent
J’ai suivi sa mélodie cristalline
Je suis entré dans la valse des Ondines
Mes traces ne sont plus miennes
Prisonnières du chant des Sirènes
J’ai glissé vers l’antre des chimères
J’ai avancé jusqu’où l’on se perd
J’ai suivi l’empreinte du serpent
Je me suis égaré entre les bouleaux blancs
Je me suis éloigné des méandres du bois d’argent
J’ai erré sous la lune en croissant
Forêt d’ivoire et Bocquillons blafards
Fantômes de silence m’attendent ce soir
J’ai rejoins le centre du cercle des fées
J’ai savouré la rosée sous mes pieds
J’ai vacillé d’épuisement
J’ai flotté doucement
J’ai glissé au centre de l’univers
J’ai trouvé l’or dans la lumière
Il fallait inverser mes chausses sans me faire voir
Seul secret pour conserver la mémoire
J’ai connu la douceur du miel et l’absence du temps
J’ai gouté les fruits de l’oubli sans être prudent
Pour qui ne prend garde au détour
Il n’est pas de possible retour
Je ne suis jamais revenu
En Faërie je me suis perdu ©
(inspirée du « miroir de Galadriel » de David Arkenstone)
Si loin sur lande brune
Un à un s’étirent lambeaux de brume
Apparaît dans la timide lueur
Cape de ciel, reflet de pleur
Mystère aux boucles rousses
Spirales qu’en soleil éclabousse
Enserre de grands yeux de mousse
Si clairs que larmes sont douces
Sous l’ombre cernée du chaperon
Ne se révèle en aucune façon
Comme une bougie d’or
Dans le blanc neigeux
S’éteint une fois encore
Pour échapper à mes vœux
Chausses invisibles, frôlent à peine le sol
Etre indicible, au moindre son s’envole
Si belle saurais-je jamais ton nom
Le crépuscule t’enlève à l’heure des démons
Me tiens sur le tertre au temps long
Espérant une prochaine apparition. ©